Louis-Edmond Hamelin fait indiscutablement partie des monuments intellectuels québécois qui ont marqué la deuxième moitié du 20e siècle. Il est un acteur de la Révolution tranquille et du développement du Québec moderne. Il a une influence énorme et incontournable dans plusieurs domaines. En tant que géographe, économiste, et linguiste, il a contribué à changer la perception et la définition du Nord. C’est à lui qu’on doit l’inclusion de plusieurs pays dont le Canada dans la liste des pays considérés comme nordiques. Il est de la trempe des Hubert Reeves, Fernand Dumont, Pierre Dansereau… pourtant il est méconnu du public.
Monsieur Hamelin compte parmi les experts consultés par les ministres responsables de dossiers et projets majeurs, dont depuis plusieurs années l’élaboration du Plan Nord. Il a une vision d’un Québec total qui inclut le Nord, sa culture et sa population dans son propre développement. Sa pensée est plus que jamais actuelle.
Il est un pionnier et un visionnaire. Il a ratissé le territoire qu’il décrit, en canot et à pied, depuis ses premiers séjours au Nord en 1947. Mais il ne fait pas que décrire et analyser, il participe aussi à l’organisation et aux débats sociaux et politiques qui touchent les peuples du Nord et ce, en se maintenant à distance de toute partisanerie. Il a été membre du Conseil des Territoires-du-Nord-Ouest à Yellownife et a siégé au Comité cri de la Convention du Nord du Québec. Il a fondé dès 1961 le Centre d’études nordiques de l’Université Laval avec la volonté de former des experts locaux.Reconnu mondialement, récipiendaire de nombreux prix prestigieux et doctorats honorifiques,il est un personnage incontournable de notre histoire récente.
Louis-Edmond Hamelin est aussi un inventeur. Il a cherché à définir le Nord avec des mots autres que ceux du Sud. On lui doit l’invention de plus de 600 néologismes pour nommer la neige, la glace, le climat et l’environnement du Nord. Plusieurs de ces mots, impreignés de l’expression et de la psyché des peuples du Nord, sont entrés dans les dictionnaires. Les francophones du monde entier entendent depuis des années parler de nordicité, ou de la fonte du pergélisol comme conséquence des changements climatiques, mais les Québécois ignorent qu’on doit ces concepts à un des leurs, que ça contribue à positionner le Québec dans le monde et qu’ils pourraient en tirer une grande fierté. Soucieux de transmission, Monsieur Hamelin a récemment fait don de sa précieuse documentation personnelle à des centres d’archives.
Il a aussi agi au niveau administratif. Il a été recteur à l’Université du Québec à Trois-Rivières, président de l’Association canadienne française pour l’avancement de la science (ACFAS) et membre de nombreux organismes gouvernementaux ou privés, notamment la Commission internationale du périglaciaire, le Comité d’environnement d’Hydro-Québec, le Conseil de la langue française et la Commission du saumon de la Restigouche.
Voici une sélection d’extraits de la présentation qu’on fait de lui sur le site web des Prix du Québec :
Louis-Edmond Hamelin s’inscrit dans le sillon des grands explorateurs des mers arctiques, comme le capitaine Joseph-Elzéar Bernier au début du siècle. Dès 1948, il va en canot à la baie James. Par de très nombreux voyages d’études dans le Nord, il consacre la boutade de son maître Raoul Blanchard de Grenoble : « La géographie s’apprend d’abord par les pieds. » En réalité, il parcourt en tous sens les zones arctiques et subarctiques, du Moyen Nord québécois à la Sibérie intérieure.
« Louis-Edmond Hamelin a réussi à définir cette entité abstraite et inconnue qu’était le Nord. Il a amené les autorités, les chercheurs et nous, gens du Sud, à se familiariser avec la pertinence de se tourner vers cette région trop longtemps oubliée », reconnaît Henri Dorion.
Comprendre les autochtones
Les recherches de Louis-Edmond Hamelin contribuent également à exposer en plein jour les préjugés dont sont victimes les descendants des peuples premiers. En 1971 le gouvernement décide de développer le potentiel hydroélectrique du Moyen Nord, les ingénieurs sont décontenancés par le spécialiste des questions nordiques qui leur demande tout simplement s’ils ont également pensé aux Cris et aux Inuits.
À la fin des années 60, le géographe, quant à lui, sait gagner l’estime des habitants du Nord et acquiert ainsi un statut particulier. Affirmant sans hésitation que les artéfacts nordiques sont l’œuvre des ancêtres autochtones, Louis-Edmond Hamelin laisse supposer qu’il a connu ces derniers de leur vivant, d’où le surnom humoristique de ka apitshipaitishut, « le ressuscité » que les Innus lui donnent.
Pour plus d’informations sur l’œuvre de Mr Hamelin, nous vous invitons à consulter son site web.
Quelques repères chronologiques
21 mars 1923: Naissance, Saint-Didace, comté de Maskinongé (maintenant, comté de Berthier).
1945 (juin); Baccalauréat ès arts (latin-grec), Université de Montréal.
1948 : Maîtrise (économique) Université Laval (thèse : Géographie sociale, Joliette). Assistant de recherches à la Faculté des sciences sociales.
1948 : Premiers voyages dans le Nord (bassin de la baie de James). Première excursion à l’étage alpin (Gaspésie). Enseignement de la géographie du Canada aux membres de l’Armée de réserve, Citadelle de Québec (à l’automne).
1949 et 1950 : Boursier du Conseil canadien de recherches en sciences sociales (financement Rockefeller). * Quatre certificats de licence (deux en géographie, un en histoire moderne, un à la Faculté de droit), Grenoble, France.
1951: Boursier du gouvernement français. Doctorat d’Université (géomorphologie), Grenoble. Publication du premier article. Mariage à Grenoble de Colette Lafay, étudiante française en géographie alpine (août). Résidence à Québec à partir d’octobre.
1951-1978 : Professeur à l’Université Laval, Québec.
1952-1956 : Président, Société de géographie de Québec. Codirection avec Fernand Grenier, fondateur, Cahiers de Géographie et Notes de Géographie, Presses de l’Université Laval.
1955-1961: Directeur (premier), Institut de géographie, Université Laval.
1957-1969 : Membre de la Commission d’étude du périglaciaire de l’Union Géographique Internationale (siège social : Łódź, Pologne).
1961 : Accompagnement d’un voyage de reconnaissance territoriale du ministre René Lévesque dans le Nord du Québec.
1961 : Fondation du Centre d’études nordiques (ou CEN) par l’Université Laval et le gouvernement du Québec, dont il sera directeur et Président du Conseil d’administration du CEN (1961-1972moins les intérims de Robert Bergeron en 1964 et d’Henri Dorion cinq ans plus tard). Ouverture de la station du CEN en Hudsonie (1968)
1962 : Tour du monde aux latitudes subtropicales (mars-mai) dans le cadre de l’Union géographique internationale. Stage de recherches au Glaciological Institute de l’Université du Michigan au Juneau Icefield en Alaska (août).
1964-1968: Gouverneur, Arctic Institute of North America, Montréal et Washington.
1965: Rue Hamelin [Louis- Edmond], Sherbrooke. Traversée en automobile de Québec jusqu’à l’intérieur de l’île de Vancouver en Colombie-Britannique avec Gilles Boileau, Ludger Beauregard et John Stager.
1966: Traversée en automobile de Québec à la façade atlantique de Terre-Neuve.
1966: Création d’un enseignement sur l’ensemble du monde circumnordique à l’Université Laval.
1966-1980: Cofondateur avec Henri Dorion du Groupe d’études de choronymie et de terminologie (ou GÉCET), géographie, Université Laval – à l’origine de la Commission de toponymie du Québec.
1968-1970: Président, Canadian Northern Research Conference, Ottawa.
196: Invitation de l’Académie des Sciences de l’URSS à un voyage en Sibérie nordique (août). * Chef de la délégation du Canada à l’INQUA, Paris (septembre). Notice dans le Dictionary of International Biography, Londres.
1971-1972 : Président, L’Association canadienne des géographes/TCAG (année du congrès international de géographie).
1971-1975 : Membre, Council of the Northwest Territories (Assemblée législative), Yellowknife. Rapport sur l’écologie territoriale présenté au gouvernement canadien dans la perspective de la réunion internationale de Stockholm.
1972: Figurant dans un film de Pierre Perrault sur le Moyen Nord du Québec.
1972-1973: Membre, Commission des Biens culturels, gouvernement du Québec.
1973: Le Très Honorable Roland Michener, Gouverneur général, invite Louis-Edmond et Colette à faire partie de sa suite lors d’un voyage officiel d’Ottawa à Yellowknife à l’occasion d’une session du Council.
1974: Présent à la fondation à l’AQQUA, Montréal.
1974: Mot glaciel en titre dans un Congrès international. 2e stage de recherches à Cambridge.
1975 : Parution de Nordicité canadienne, Montréal, HMH.
1975 : Doctorat ès lettres, thèse: Perspectives géographique de la nordicité. Paris Sorbonne (sous la direction de Pierre George).
1975 : Mission québécoise d’enseignement universitaire à Abidjan, Côte-d’Ivoire.
1975-1976 : Statut de professeur-chercheur, Université Laval.
1975-1978 : Membre, Conseil des Réserves écologiques, gouvernement du Québec.
1976: Au Congrès international de géographie en URSS, communication à l’Institut arctique et antarctique de Leningrad.
1977: Mission intellectuelle des Affaires extérieures du Canada en Allemagne (avec l’écrivaine Anne Hébert).
1977: Grand Prix de la Société de géographie de Paris.
1978: Communication devant les Chefs, Association Attikamek/Montagnais, Chicoutimi (mars).
1978: Fin de la carrière d’enseignement à l’Université Laval (décembre).
1978-1983 : Recteur, Université du Québec à Trois-Rivières. Membre de l’Assemblée des Gouverneurs, Université du Québec.
1979-1980: Président de l’Acfas, Montréal.
1982-1985: Membre, Conseil consultatif de la Bibliothèque nationale, Ottawa.
1982-1989: Bourse annuelle LEH à des étudiants de l’UQTR.
1983-1987 (moins 1985): Grands reportages télévisés en direct, Conférences constitutionnelles sur les Autochtones en collaboration avec Bernard Derome.
1984: Commentaires télévisés en direct de la visite du Pape chez les Indiens à Midland en Ontario. Participation au congrès international de géographie en France.
1984-1988: Membre du bureau des Gouverneurs, IDRC/CRDI (Centre de recherches pour le développement international), Ottawa.
1984-1992: Membre, Conseil de la langue française ou de comités du Conseil, gouvernement du Québec (moins les années 1986-88). Membre Canada, Comité tripartite, environnement, Convention, secteur Baie de James.
1985: Retraite, Université du Québec. Professeur émérite, Université Laval.
1986: Réunion du CRDI à Bombay, Madras et Delhi. Médaille, Centenaire de l’Année polaire internationale, Ottawa.
1987-1989: Président du colloque, L’avenir du Nord québécois/The Future of Northern Québec. Amos.
1988: Le Nord canadien/The Canadian North, Ottawa, Secrétariat d’État (texte destiné à la documentation publique des Affaires extérieures). Membre d’honneur étranger, Académie des Sciences, Inscriptions et Belles-Lettres, Toulouse.
1989: Correspondant, Institut de France [Académie des Sciences morales et politiques].
1989: Maîtrise en linguistique, Université Laval. Conférences en Allemagne et en France.
1990: Crise Mohawk/Québec/Canada, conférences publiques sur les Autochtones, Montréal et Québec. Commentaires télévisés et mémoire devant le Sénat, Ottawa. Numéro de la revue Forces, Montréal, consacré à la nordicité. D’après la Fédération canadienne des sciences sociales, Nordicité canadienne est l’un des ouvrages importants au cours des cinquante dernières années.
1991-1994: Chevalier, Ordre des Palmes académiques, Gouvernement français, Paris et Québec.
1991-1996: Membre du Comité d’environnement d’Hydro-Québec, Montréal.
1992: Allocution d’ouverture, 5e Biennale Internationale des Villes d’hiver. Présidence, comité du Thesaurus bibliographiae, Université du Québec à Trois-Rivières.
1993: Le rang d’habitat : le réel et l’imaginaire, Montréal, HMH.
1994-1995: Concernant la problématique autochtone: conférences publiques, interventions médiatiques, mémoires, publications ainsi qu’ateliers auprès de groupes industriels.
1995: Participation au débat public sur l’énergie, Montréal. Allocution à la «plénière de clôture», États généraux du paysage, colloque multidisciplinaire, Québec.
1996: Numéro spécial en hommage à Louis-Edmond Hamelin, Cahiers de géographie du Québec, no 110, Québec; présentation par Henri Dorion et Christian Morissonneau; témoignage de Fernand Grenier.
1999: Sommet mondial sur la nordicité, Québec. Téoros, Montréal, numéro spécial, La nordicité. Grande Conférence Desjardins, McGill, Montréal, Chaire de recherches Louis-Edmond Hamelin, Faculté des sciences sociales, Université Laval.
2002: Bio-bibliographie de Louis-Edmond Hamelin, auteur, Québec, établie en collaboration avec Mathieu Poliquin.
2003: Mémoire présenté à la Commission parlementaire sur les Innus, Québec.
2005: Première bourse (en sociologie) de la Chaire Louis-Edmond Hamelin, Québec, Université Laval.
2006: Nordicité canadienne (1975), est inclus dans Monuments intellectuels québécois du XXe siècle. Grands livres d’érudition, de science et de sagesse, sous la direction de Claude Corbo, Québec, Septentrion.
2011 (avril): Le CEN compte désormais parmi ses infrastructures le Bateau de recherche Louis-Edmond Hamelin (bateau en aluminium qui est considéré comme station de recherche mobile)
2012 (novembre): Lancement et sortie en salle de Le Nord au cœur, long-métrage documentaire de Serge Giguère, avec Louis-Edmond Hamelin (Les Productions du Rapide-Blanc).
Honneurs
1962: Membre de la Société royale du Canada
1972: Prix Léo-Pariseau (ACFAS)
1972: Médaille Pierre Chauveau
1974: Officier de l’Ordre du Canada
1975: Prix littéraire du Gouverneur général à
1976: Prix du Québec (sciences de la nature)
1976: Médaille Massey
1982: Médaille Gloire de l’Escolle
1982: Prix Molson
1987: Prix Léon-Gérin
1994: Membre de l’Ordre des francophones d’Amérique
1994: Prix Jean-Charles-Falardeau
1998: Grand officier de l’Ordre national du Québec
2002 : Médaille à l’occasion du 50e anniversaire de l’accession au Trône de Sa Majesté la Reine Elizabeth II décernée par le Gouverneur général du Canada.
Doctorats Honoris Causa
1976 : Université McGill, Montréal
1981: Université d’Ottawa
1984: University of Waterloo, Ontario
1992: Université de Sherbrooke
1997: Université de Montréal
1997: Université du Québec à Trois-Rivières
Activités protocolaires
1967 : Invité au dîner nordique d’État du Premier ministre Daniel Johnson offert au Premier ministre de Finlande, Québec.
2002 : Invité au dîner nordique d’État en l’honneur de Sa Majesté le Roi Harald V et la Reine Sonya de Norvège, Ottawa, Rideau Hall.
2006 : Dîner nordique d’État de Son Excellence la présidente de la République de Lettonie, Vaira Vike Freiberga.